Comme toi qui me lis j’imagine, j’adore voyager et c’est une partie importante de ma vie et de mon équilibre. La plupart de mes excursions impliquent de prendre l’avion. Mais évidemment, ce n’est pas très écologique….
A l’époque, je prenais l’avion 2 fois par mois pour des aller-retours entre Paris (où vivait mon amoureux) et Dublin, et je n’avais pas forcément bonne conscience. Du coup, la première fois que j’ai entendu parler de la compensation carbone volontaire, je me suis dit banco : Voilà une solution concrète à mon problème !
Mais en creusant un peu plus le sujet, j’ai compris que celui-ci posait débat et j’ai essayé d’aller plus loin en comparant les différentes solutions sur le marché français…. Alors finalement, la compensation volontaire carbone, c’est bien ou non ?
Nos voyages, la planète et nous
Jusqu’à peu, avec les compagnies low-cost, on trouvait avec un peu d’organisation des billets très peu chers pour aller voir le monde. Donc le secteur du tourisme au niveau mondial était en pleine expansion, et faisait le bonheur des voyageurs, back-packeurs et autres aficionados des escapades à l’étranger.
Enfin, c’était le cas avant le confinement du COVID-19. Après… on verra mais il y a des chances que la tendance reprenne quand la crise sera passée. (Oui, je suis une éternelle optimiste !)
Et là, la problématique est simple : Voyager en général ça pollue…. Et voyager en avion, ça pollue beaucoup !
Selon une étude de 2018, un kilomètre parcouru en avion est 45 fois (oui, oui, 45 fois !) plus polluant qu’un kilomètre parcouru en TGV. L’aviation civile est ainsi responsable à elle toute seule de 2,4 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre de la planète, une contribution en progression de 32 % en cinq ans. Juste pour la France en 2016, le trafic aérien commercial a généré 20 millions de tonnes de CO2 sur notre jolie planète, qui n’en demandait pas tant…
La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que les voyageurs prennent de plus en plus conscience de ce problème et tentent de réfléchir à leurs pratiques et leurs conséquences sur l’environnement : En Suède, ça va même loin puisque la honte de prendre l’avion est devenu un phénomène bien réel, le flygskam, qui gagne de plus en plus la population. Du coup, les Suédois tendent de plus en plus à privilégier des voyages sur des destinations plus proches et par des moyens de transports alternatifs moins polluants. Comme quoi la Suède a toujours un train d’avance sur le reste du monde (OK le jeu de mots était facile, je n’ai pas pu m’en empêcher) !
Tout ça c’est bien beau, mais on n’est pas tous des écologistes chevronnés ou des Suédois et on peut très bien être bien assidu dans le recyclage de ses déchets et mourir d’envie d’aller visiter Honolulu pendant ses prochaines vacances. Et, avec du slow-travel, ce n’est pas deux semaines de vacances qu’il nous faudrait pour atteindre les plages de rêve mais 6 mois, ce qui est moyennement facile à expliquer à son patron….
Il y a donc conflit entre le désir de préserver la planète et l’idée que, quand même, on n’a qu’une vie et qu’il faut en profiter ! C’est donc là qu’entre en scène la compensation carbone volontaire…
La Compensation Carbone Volontaire, c’est quoi ?
La compensation volontaire des émissions de CO2 ou compensation carbone volontaire consiste à contrebalancer les émissions de carbone (générées par un vol en avion par exemple) en finançant un projet qui permettra de réduire d’autant les émissions de CO2. Ces projets peuvent être réalisés dans des pays en développement où l’on va par exemple installer des panneaux solaires pour alimenter une école. Il peut également s’agir de planter des arbres pour capturer les gaz à effet de serre.
Sur le papier, c’est donc génial : On sort sa carte de crédit, on paye une somme qui dépend du kilométrage de son voyage, et pouf, on a bonne conscience. Mais oui… Mais non !
La compensation carbone via les compagnies aériennes
Déjà, si tu as utilisé une compagnie aérienne récemment, tu as peut-être noté la présence d’une petite case te proposant de “faire un don pour compenser l’empreinte carbone de votre vol” ? Ou peut-être as-tu reçu cette proposition par email après ton voyage ? De la part de ces mêmes compagnies aériennes qui ne paient aucune taxe sur le kérosène qu’elles consomment et qui reportent le montant de la taxe carbone sur le prix de leur billet… Greenwashing bonjour !
Après, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, l’idée part d’une bonne initiative de certains acteurs d’un secteur qui se sait polluant, et elle ne peut pas faire de mal. Elle a le mérite de mettre le problème en lumière pour plus de gens et les compagnies en question essaient de bien faire les choses en choisissant avec soin des partenaires sérieux. Mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est reporter sur le particulier les conséquences de l’industrie en entière. Une industrie qui ferait bien de se remettre en question un peu plus sérieusement.
La compensation carbone via une association
Tu le comprends, passer par sa compagnie aérienne, c’est plutôt simple (un clic !), mais c’est loin d’être la panacée… Tu peux donc faire le choix de passer par une association pour donner ta part pour compenser la consommation de CO2 liée à ton voyage.
Un des premiers avantages par opposition au passage par une compagnie aérienne, c’est que si l’association que tu choisis est reconnue d’utilité publique par l’État Français, les sommes versées sont déductibles à 66 % sur ta prochaine feuille d’imposition. On fait donc du bien à la planète sans faire trop de mal au porte-monnaie.
Le principe est le même que pour une compagnie aérienne, mais cela requiert une vraie démarche pour se renseigner et de la recherche pour ne pas jeter son argent par les fenêtres. D’autant que c’est un peu le Far-West sur le marché des ONG environnementales : Des dizaines d’organismes existent, mais la compensation volontaire n’étant pas régulée, tous n’ont pas la même crédibilité.
En pratique :
- Tu trouves une association de ton choix, de préférence avec un label (Gold Standard, Verified Carbon Standard ou Bas-Carbone).
- Tu calcules sur leur site l’équivalent carbone de ton voyage via un calculateur (j’en cite quelques-uns plus bas), qui dépend souvent du nombre de kilomètres et de la classe dans laquelle tu as voyagé.
- Le total est converti en une somme d’argent que tu pourras verser à l’association.
- L’association se charge de mettre en place des initiatives environnementales avec l’argent récolté. Le plus souvent en plantant des arbres.
Il faut donc être particulièrement motivé et écolo pour se donner la peine d’équilibrer son bilan carbone…
Comparaison des calculateurs de compensation carbone de voyage
Après la théorie, la pratique !
J’ai comparé quelques calculateurs de carbone sur un aller-simple Paris-Dublin en avion pour un passager. Cela représente plus ou moins 800 kilomètres, selon l’aéroport de départ choisi.
J’ai testé uniquement les calculateurs que j’ai pu trouver en français et qui me proposent de donner directement à une cause mise en avant de leur choix (ce qui exclut les calculateurs “neutres” comme ceux de l’Aviation Civile).
Tu peux cliquer sur le nom de l’association ou de l’entreprise pour accéder au calculateur correspondant. Tous les renseignements de ce tableau ont été trouvé sur les sites en question, et j’espère n’avoir rien manqué.
(Pardon pour le format du tableau, pas évident à lire sur mobile, mon site n’est pas habitué à ce genre de format malheureusement…)
Nom et lien | Type | Montant de Co2 | Montant en € | Types de projets soutenus | Labels | Crédit d’impôt sur les donations (en France) ? |
Air France / Trip et Tree by Air France | Entreprise + association | 55 kg | Planter un arbre pour 5.30€, 8€ ou 31€ | Reforestation | – | oui |
Reforest’Action | Entreprise | 234 kg | NA | Reforestation | – | non |
Co2 Logic / Green Tripper | Entreprise | 250 kg | 3 € | Eviter la déforestation et fournir de l’eau potable en Ouganda
Des foyers améliorés au Ghana |
Gold Standard | non |
Good Planet | Association | 340 kg | 7,48 € | Préservation / restauration de la bio-diversité
Ecoles bio-climatiques Valorisation des ordures ménagères Agriculture durable Énergies renouvelables |
– | oui |
My Climate | Association | 185 kg | 5 € | Énergies renouvelables et efficacité énergétique | MDP, Gold Standard et Plan Vivo | non |
Le bilan
Première conclusion : Puisque tous les calculateurs se basaient sur une distance équivalente, j’aurai dû obtenir des quantités de CO2 équivalentes dans un monde idéal. Les résultats montrent que les acteurs du secteur ne sont pas d’accords entre eux sur le bilan CO2d’un même voyage, avec l’unique compagnie aérienne, Air France, qui se montre la plus optimiste (Surprise, surprise ?).
Ensuite, la plupart des entités proposent de donner pour favoriser la reforestation, ce qui est super sur le papier mais difficilement une solution à long terme quand on sait qu’un arbre planté met 10 ans a commencer à compenser efficacement du CO2 et ne vit que 80 ans environ…
Travailler sur des solutions à plus long terme comme le font Good Planet et My Climate (et dans une certaine mesure Green Tripper) me semblent un peu plus productif puisque ces associations se penchent sur le développement durable et l’efficacité énergétique.
Enfin, certaines initiatives travaillent en Afrique ou en Asie dans les pays les plus pauvres : C’est le cas de Green Tripper, Good Planet et My Climate. Là encore, c’est admirable et probablement nécessaire, mais ne devrions on nous pas commencer déjà à balayer devant notre porte en Europe pour revoir notre propre consommation carbone quotidienne ? J’ai l’impression que la compensation carbone est un moyen facile d’acheter notre bonne conscience sans véritable remise en question de nos habitudes. C’est un système où les habitants des pays riches investissent dans des projets destinés à modifier les comportements des habitants des pays plus pauvres… Et je ne sais pas pour toi, mais cela me semble bien hypocrite.
Mais comme on le dit, la critique est aisée, mais l’art (enfin, dans le cas présent, l’action !) est difficile. Et je suis sûre que les populations concernées, où qu’elles soient dans le monde, profitent grandement de ses initiatives liées à la compensation carbone. Je suis donc absolument pour leur existence et un don pour la cause environnementale est toujours bon à prendre, qu’il soit lié à notre mauvaise conscience ou pas.
Je ne jette donc aucunement la pierre aux 5 entreprises/associations en question car elles ont le mérite d’exister, et travaillent à nous faire prendre conscience que nos choix de voyage ont un impact sur la petite bille bleue que nous partageons tous ! Et je t’encourage à compenser ton voyage par une donation à une cause environnementale, car les associations/initiatives ont besoin de toute l’aide qu’on peut leur donner, et la cause est trop importante pour se contenter de hausser les épaules. Je dis juste que la compensation carbone, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant…
Mais du coup, que peut-on faire pour voyager responsable ?
Loin de moi de te dire de ne pas voyager, ce serait bien hypocrite de ma part car les voyages c’est la vie !
Mais dans la pratique, une fois que l’on a pris conscience du problème, il est possible de mettre en place quelques petites choses pour réduire notre empreinte carbone liée aux voyages :
- Privilégier le train (le top !) ou la voiture (si possible en co-voiturage) pour le déplacement.
- Quand ce n’est pas possible, éviter les séjours d’un weekend et prévoir si possible des séjours plus longs, pour amortir son empreinte carbone liée au transport aérien.
- Pour les longs voyages, on peut imaginer par exemple de ne prendre l’avion qu’une année sur deux et compenser ce voyage.
Pour aller plus loin, je reviendrai très prochainement avec un article complet sur les moyens de voyager de manière éthique, écologique et responsable.
Comme d’habitude, merci de m’avoir lu jusqu’ici ♥
Article vraiment très intéressant sur une question que je me posais : la compensation carbone. Merci pour ces explications très claires.